« Référence Agro » – Gaëlle Gaudin– 28 avril 2022 Évaluation des risques, Solutions de biocontrôle

Staphyt, qui accompagne depuis plus de trente ans les sociétés phytosanitaires dans le développement et la mise en marché des substances actives et des produits, fait le point, pour Référence agro, sur les évolutions observées ces dernières années. Le durcissement des évaluations des produits conventionnels et la montée en puissance des biosolutions sont au cœur de son travail. Rencontre avec Amélie Grimaldi et Geoffroy Moulin, respectivement responsable des affaires réglementaires et coordinateur de l’expertise biologique pour la société.

Plongée depuis trente ans dans le développement de produits phytosanitaires, l’évaluation des risques, le montage de dossiers d’autorisation de substances et de solutions pour une mise en marché partout en Europe, Staphyt a pu constater l’évolution progressive vers une moindre chimie des spécialités de protection des plantes et celle de la réglementation dédiée.

Montée en puissance des startups depuis 2017

« Nous travaillons avec nombre d’acteurs de la profession, des travaux de laboratoire préliminaires de criblage à la mise en marché du produit de protection des plantes, précise Geoffroy Moulin, coordinateur des biosolutions pour la société. Le premier produit de biocontrôle dont nous nous sommes occupés date de 2006. Mais depuis 2017, nous avons vu la montée en puissance des startups sur les biosolutions et depuis trois ans, l’arrivée massive des agrochimistes conventionnels sur ces solutions alternatives. Les sponsors des dernières éditions de l’ABIM, les rencontres annuelles de l’industrie du biocontrôle, en sont la preuve. Ces agrochimistes développent leur portefeuille produit via des partenariats avec ces startups. Et vice-versa : un grand nombre de startups approchent ces grandes sociétés chaque année.

Amélie Grimaldi, responsable des affaires réglementaires, est entourée de toxicologues, d’écotoxicologues, d’experts environnement, de chimistes, de spécialistes des résidus et d’agronomes. Au total, la division regroupe 70 salariés, sur les 240 que compte Staphyt en France. « L’obtention des données réglementaires exigées pour l’approbation d’une substance ou l’autorisation de mise sur le marché d’une spécialité nécessite l’ensemble de ces compétences, explique la responsable. Or les startups n’ont pas de service réglementaire, ou pas aussi complet. Les grandes sociétés, quant à elles, font appel à nous lorsqu’elles doivent faire face à des pics de travail.
Car monter un dossier réglementaire est chronophage« Nous comptons plus d’un millier d’heures de travail pour faire réévaluer un seul produit sur les trois zones de l’Union européenne, suite au renouvellement d’une substance active », donne pour exemple Amélie Grimaldi.
Le renouvellement d’une substance active, quant à lui, exige davantage de travail que par le passé en raison de l’augmentation des requis exigés.

Baisse de la charge chimique des produits

Le nombre de substances actives conventionnelles approuvées au niveau européen est en chute libre, mais la chimie prime encore. Chez Staphyt, beaucoup de dossiers concernent des produits conventionnels reformulés. « Nous devons souvent réduire les doses autorisées par rapport à ce qui était accepté il y a dix ans », note toutefois Geoffroy Moulin.

Staphyt a constitué, il y a dix ans, une équipe d’agronomes, de scientifiques et d’experts réglementaires dans l’étude des biosolutions. Car les biosolutions montent en puissance et requièrent une approche technique et réglementaire distincte.
Sur les trois dernières années, le nombre de substances à faible risque approuvées au niveau européen a été multiplié par deux, celui des micro-organismes a presque doublé et celui des substances naturelles a triplé.
« La part du biocontrôle dans notre chiffre d’affaires a doublé dans les quatre dernières années », relate Geoffroy Moulin.

Des biopesticides boostés par de nombreux avantages

« Les biopesticides sont en pleine expansion en raison des avantages qu’ils représentent, complète Amélie Grimaldi. Le coût d’un dossier est plus faible, notamment parce que le nombre d’études est moindre, la substance étant éliminée d’office si elle présente un risque, hormis le caractère irritant. Pour l’approbation d’une substance active biologique, il faut compter 2 M€, contre parfois 10 M€ pour une substance conventionnelle. Les délais de développement et d’évaluation sont par ailleurs raccourcis et les périodes d’approbation rallongées. Enfin, ces spécialités alternatives bénéficient d’appuis politiques, tant au niveau européen que national. »

Prouver l’efficacité d’un biopesticide est difficile

Pour autant, la responsable des affaires réglementaires tient à modérer ces avantages. « Le montage des dossiers n’est pas toujours simple car les requis, les documents guides et l’évaluation du risque ne sont pas encore tous bien adaptés à ces spécialités, indique-t-elle. De plus, les réglementations nationales diffèrent, ce qui complexifie l’homologation en Europe. Caractériser précisément la substance d’un biopesticide et apporter la preuve de son efficacité se révèlent par ailleurs plus difficiles. Enfin, si le coût de l’évaluation des risques est plus faible pour ces spécialités, celui de la recherche du positionnement optimal, ainsi que celui de l’accompagnement s’avèrent plus conséquents. »
Les agrochimistes conventionnels partent sur des solutions combinant du conventionnel et des biosolutions« Les programmes d’essais de telles solutions combinées montent en puissance », affirme Amélie Grimaldi.

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