Anne Lebaudy – Coordinatrice des activités de R&D au laboratoire de Martillac (France)
Docteur en Physiologie végétale (Biologie intégrative des canaux potassiques de la cellule de garde: activité électrophysiologique et rôle dans l’adaptation de la plante à son environnement), Anne a travaillé au sein d’équipes scientifiques à l’INRA, à l’IBGC et a rejoint Staphyt en 2015.
Elle supervise aujourd’hui l’équipe R&D laboratoire de Staphyt.
Dans cette interview, Anne présente son parcours et ses activités en R&D dans le service Laboratory & Glasshouse de Staphyt.
Q1 – Anne, présentez-nous votre parcours scientifique avant votre arrivée chez Staphyt ?
R1 – J’ai réalisé ma thèse dans le laboratoire de Biochimie et Physiologie Moléculaire des plantes à Montpellier sous la codirection de Hervé Sentenac et Thierry Simonneau. Mon projet consistait à étudier le rôle des canaux potassiques dans le contrôle des mouvements stomatiques chez Arabidopsis thaliana. Mon travail a permis d’identifier la fonction cellulaire de ces protéines et de déterminer leurs rôles à l’échelle de la plante entière. Le caractère intégratif de mon projet m’a permis d’acquérir une formation diversifiée et approfondie dans diverses disciplines (biologie moléculaire, génétique, électrophysiologie, physiologie…).
Par la suite, j’ai choisi d’intégrer un programme de recherche sur la levure Saccharomyces cerevisiae à Bordeaux, dans l’Institut de Biochimie et Génétique Cellulaires sous la direction d’Isabelle Sagot. Ce changement de thématique est lié à une volonté de privilégier une plus large ouverture scientifique et de satisfaire une volonté de pluridisciplinarité. Ce projet m’a offert l’opportunité de découvrir un nouveau modèle d’étude, et d’étendre mes compétences techniques à la biologie cellulaire et à la microscopie. Mes travaux ont permis des avancées majeures dans la compréhension des mécanismes qui sous-tendent les transitions entre quiescence et prolifération cellulaire.
Enfin, j’ai effectué un stage post-doctoral dans le laboratoire de Biologie du Fruit et Pathologie sous la direction d’Alain Blanchard. Ce projet portait principalement sur le développement d’une souche vaccinale de Mycoplasma mycoides sous espèce mycoides, bactérie responsable de la péripneumonie contagieuse bovine, une maladie respiratoire sévère, touchant principalement le bétail africain. Outre son intérêt socio-économique, ce projet m’a permis de travailler sur un nouveau modèle d’étude et d’appliquer les dernières techniques de manipulation de génome par des approches de biologie de synthèse.
Q2 – Qu’est-ce qui vous a motivée à rejoindre Staphyt ?
R2 – Après un parcours scientifique de 9 années en recherche fondamentale, je souhaitais intégrer une structure qui me permettrait de gérer des projets de développement à court et moyen terme en lien étroit avec le terrain et des entreprises du secteur agricole. Je souhaitais par ailleurs renouer avec ma formation initiale en physiologie végétale.
Il y a 5 ans, Staphyt optait de son côté pour un développement fort de sa R&D pour innover et diversifier ses prestations de service. C’est ainsi que j’ai intégré le poste de superviseur du service R&D du service Laboratory & Glasshouse de Staphyt sur le site de Martillac. Je travaille aujourd’hui dans le laboratoire avec mes collègues techniciens et responsables de projets, plus particulièrement sur des thématiques d’expérimentation en conditions contrôlées.
J’affectionne tout particulièrement mes nouvelles missions qui me permettent de mener des projets situés à l’interface entre du développement méthodologique et des recherches appliquées. La conception de tests en lien avec la demande des clients, l’accompagnement de ces clients dans la caractérisation de leurs produits (mode d’action, mécanisme de résistance..) sont autant d’aspects de mon travail qui ont motivé mon intégration au sein de l’entreprise Staphyt.
Q3 – En quoi la R&D chez Staphyt bénéficie t’elle aux clients de la société ?
R3 – Nous concevons de nouveaux protocoles d’étude en conditions contrôlées afin d’accompagner nos clients dans la sélection, l’évaluation et le développement de nouvelles substances ou formulations pour la protection et la nutrition des plantes.
Nous travaillons soit de façon proactive, par une veille technologique et scientifique de notre secteur, ou en réponse à des demandes précises de nos clients.
The development of R&D at Staphyt Lab allows us to anticipate the demands of our customers and thus to go ever further in the characterization of conventional or biocontrol products (evaluation of their effectiveness, of their resistance to leaching, of their compatibility, of their activity as an elicitor….). We also work on the detection and monitoring of resistance linked to the use of these products.
Le développement de la R&D chez Staphyt nous permet d’anticiper les demandes de nos clients et ainsi d’aller toujours plus loin dans la caractérisation de produits conventionnels ou de biocontrôle (évaluation de leur efficacité, de leur résistance au lessivage, de leur compatibilité, de leur activité en tant que éliciteur….). Nous travaillons également sur la détection et le suivi de résistance liés à l’utilisation de ces produits.
Une fois le protocole conçu, je supervise le transfert de la R&D vers l’équipe technique du laboratoire et assure la gestion et le suivi du projet avec le client.
Nos activités R&D ont ces dernières années contribuées de façon notoire à l’essor de l’activité du laboratoire de Martillac, en diversifiant nos prestations d’essais.
Q4 – Pouvez-vous nous citer quelques une des prestations en conditions contrôlées issues de la R&D Staphyt ?
A – Conception de nouveaux pathosystèmes pour évaluer l’efficacité de produits in planta
Nous avons développé des méthodes nous permettant d’évaluer in planta l’efficacité de produits fongicides contre la septoriose foliaire du blé (S. tritici) ou la fusariose des épis.
Le laboratoire de Martillac a ainsi étendu sa gamme de services à l’étude de produits ciblant les céréales. Ainsi pour ces 2 pathosystèmes des protocoles standardisés en conditions contrôlées ont été développés pour déterminer les doses et le nombre d’application requis, pour évaluer le positionnement des produits. La résistance au lessivage peut également être testée grâce à des simulateurs de pluie assurant des régimes standards ou plus soutenus (plus de 80 mm/h), en continu ou fractionné.
Par ailleurs nous avons aussi mis en place des conditions de culture permettant d’obtenir des plantes dont le phénotype se rapproche davantage de celui obtenu au champ.
Nous avons ainsi complété notre dispositif d’évaluation des produits en proposant à nos clients le criblage de leur produits/ formulations à travers nos tests in vitro et in planta en conditions contrôlées jusqu’ a la validation de ces produits au travers des tests in planta dans des conditions qui sont très proches des conditions du champ.
B- Tests moléculaires de détection de résistance à des Substances Actives
L’utilisation prolongée de certaines substances actives peut conduire à l’apparition de résistance au sein des populations de pathogènes. De nombreuses études ont déjà permis de progresser dans la compréhension des mécanismes moléculaires qui sous-tendent ces résistances aux fongicides. Ces études ont conduit au développement de méthodes rapides et efficaces pour la détection et la quantification de génotypes résistants. Ces techniques complémentaires offrent maintenant une alternative intéressante et prometteuse aux essais biologiques conventionnels qui, bien que fiables / robustes, demandent beaucoup de travail et de temps. Nous avons alors développé des outils de biologie moléculaire (notamment PCR et Q-PCR) afin de détecter et de suivre l’émergence de résistance aux fongicides chez plusieurs pathogènes.
Nous sommes déjà en mesure de détecter chez Plasmopara viticola (mildiou de la vigne) des souches résistantes à la cyazofamide ou au QOI et de quantifier ces résistances. Nous développons également des méthodes de détection des souches de Septoria tritici (Septoriose du blé) et de Sclerotinia sclerotiorum (sclerotiniose du colza) résistantes au SDHI.
C- Mise en place d’un module de fluorescence pour évaluer la qualité de pulvérisation
La pulvérisation est une étape clé de la mise en œuvre des produits de protection des plantes. Ainsi la qualité de pulvérisation est un préalable indispensable à la performance d’un traitement. Nous avons alors mis au point une méthode pour évaluer la qualité de pulvérisation des produits qui consiste à mélanger ces produits/formulations avec un fluorophore, à pulvériser ces mélanges sur les plantes et à observer ensuite la taille des gouttelettes fluorescentes, et le niveau de couverture du support végétal. Des différences peuvent ainsi être observées en fonction des produits, de leur adjuvant, de la pression de pulvérisation, du type de buses.
D- Conception de tests de viabilité bactérienne pour les biostimulants
Le laboratoire s’est doté d’incubateurs pour augmenter ses capacités en microbiologie. Nous sommes maintenant en mesure de faire le suivi de culture microbiennes et ainsi d’évaluer leur activité en tant que biostimulant ou fongicide. Nos dispositifs et notre expertise nous permettent aussi d’évaluer la viabilité de produits formulés à base de micro-organismes qui pour certains ont des propriétés de biostimulants ou de biocontrôle.
N’hésitez pas à contacter l’équipe du laboratoire de Martillac pour discuter de vos projets et mettre en place des protocoles d’études adaptés à vos besoins : contact@staphyt.com.